Faut-il désespérer de l’Internet ? — Technique et politique, lectures entre les lignes (de tension)

« Nous allons créer une civilisation de l’esprit dans le cyberespace. Puisse-t-elle être plus juste et plus humaine que le monde qu’ont construit vos gouvernements auparavant », écrivait en 1996 John Perry Barlow, dans une Déclaration d’indépendance du cyberespace restée fameuse.

Près de vingt ans plus tard, le rêve des natifs de l’Internet semble avoir tourné au cauchemar : « D’un réseau ouvert, il est devenu un réseau fermé, écrivait récemment Titiou Lecoq sur Slate. D’un espace de liberté, il est devenu un espace de surveillance. (…) Notre Mai-68 numérique est devenu un grille-pain fasciste. »

Nul ne sait encore, à ce stade, quels seront les effets à long terme des révélations d’Edward Snowden — alors même qu’aux dires d’Alan Rusbridger, le directeur du Guardian, seulement 1% des documents a été publié. Une chose est sûre : en mettant brutalement en lumière ce que l’expert en sécurité américain Bruce Schneier appelle le « partenariat public-privé » autour de la surveillance du réseau, elles provoquent, à tout le moins, la prise de conscience (parfois brutale, elle aussi) d’un nombre grandissant d’internautes.

Un contexte qui pousse à réinterroger l’histoire même de l’extension du réseau, à en analyser les lignes de force, mais aussi à en débusquer les impensés. Ce qu’a commencé à faire Pierre Mounier, du Centre pour l’édition électronique ouverte, sur Homo Numericus : « Et si le grille-pain fasciste était à l’origine même du Mai-68 numérique ? interroge-t-il. Cette hypothèse qui reste tapie dans l’ombre de notre inconscient politique, il nous faudra pourtant l’envisager tôt ou tard si nous voulons cesser de perdre nos batailles. »

L’analyse de Pierre Mounier soulève nombre de points cruciaux — à commencer par la critique nécessaire du déterminisme technologique. Il me semble cependant qu’elle sous-évalue la dynamique de la relation technique / politique, et ce qui se joue politiquement du côté des « techniciens ». Ci-dessous, donc, quelques éléments de réflexion, pour continuer et alimenter la discussion.

1. Entre-soi vs. massification

« Ce ne sont pas les défenseurs d’Internet qui ont changé de camp, c’est Internet lui-même », écrit Titiou Lecoq, faisant écho à d’autres constats, lus ici ou là, sur la « mort » du réseau, ou sa nature de plus en plus toxique — voire à la définition même de l’Internet telle que défendue, par exemple, par Jérémie Zimmermann, le porte-parole de La Quadrature du Net, dans un récent « Place de la Toile » consacré aux « mythologies du Darknet » (où Olivier Tesquet de Télérama et moi étions aussi invités). Cette position, qui me « parle » à bien des égards, me pose également question : elle présuppose l’existence d’un « âge d’or » dont l’une des principales caractéristiques est l’homogénéité, voire l’entre-soi.

Pour le résumer (très) abruptement : l’Internet sans les marchands et les gouvernements, l’Internet des périphéries, des zones d’autonomie, le cyberespace indépendant, la « nouvelle frontière », c’était aussi l’Internet sans « monsieur et madame Michu » (les fameux). Comme l’écrit Dominique Cardon dans La Démocratie Internet :

« L’espace d’un petit groupe à forte homogénéité sociale et culturelle est investi par des populations de plus en plus hétérogènes géographiquement, socialement et culturellement. Celles-ci éclatent en univers disparates, se compromettent avec le monde marchand, s’exhibent sous toutes les facettes, encouragent les comportements opportunistes ou mimétiques, marient sans complexes la coopération et le calcul, le don et la frime, la créativité et la standardisation. Les idéaux qui avaient servi à définir l’Internet des origines se trouvent en porte-à-faux avec la massification des usages. »

On touche là, à mon sens, à un point essentiel. Le système de valeurs des « pionniers » (partage de l’information, ouverture, décentralisation) a modelé le réseau qui, en retour, a modelé à la fois les pratiques et le système de valeurs de ses utilisateurs. L’échange horizontal, collaboratif, de pair à pair, qui travaille en profondeur la société civile, reconfigure le débat démocratique et les pratiques sociales, c’est la socialisation sur le réseau qui l’a produit. Mais ce mouvement de fond n’a rien de mécanique ni de réplicatif. S’il existe un habitus propre à l’Internet, la massification le dilue (pour les plus nostalgiques, « l’esprit des origines » s’est désagrégé). C’est le propre de toute dynamique de « mainstreamisation ».

Faut-il s’en lamenter, ou bien plutôt en saisir les enjeux ? Pour avoir commencé à arpenter le réseau à l’époque du « web indé », je me souviens comme y était défendu « l’esprit d’Internet » contre les « marchands du temple ». Lesquels se sont imposés, mais se sont aussi renouvelés (que ça plaise ou pas : Facebook et Google sont des expressions du réseau, j’y reviendrai). Le regret de « l’âge d’or » se nourrit d’une conception du cyberespace comme espace séparé de la « vie réelle » — ce que plus personne ne prétend. Ça ne signifie pas qu’il faille se satisfaire des tendances à la centralisation, à la verticalité et au contrôle des « tuyaux », mais qu’il faut envisager le réseau à la fois comme un outil dont la logique technique impacte les pratiques et le système de valeurs de ceux qui l’utilisent, et comme un espace social où se jouent des rapports de forces antagonistes.

2. Libertaires vs. libéraux

Comme le rappelle à juste titre Pierre Mounier, « L’histoire du développement de ces technologies, de la cybernétique à Facebook, est marquée par une ambiguïté politique que l’on peut retrouver à chacun de ses moments décisifs. » « L’esprit d’Internet » — peu ou prou, l’éthique des hackers chère à Steven Levy — est chargé d’une visée émancipatrice qui repose sur l’autonomisation des individus, par la libération de leur créativité. Ce qui laisse place à des conceptions très différentes de la manière de réguler la vie en société.

Pour ne prendre que deux exemples, venus du monde du logiciel : Eric S. Raymond, l’un des principaux promoteurs de l’Open Source, et auteur de l’essai fameux La Cathédrale et le Bazar, est un libertarien pur fruit (il est d’ailleurs membre du Parti libertarien américain), du genre à prôner le droit pour le citoyen de s’armer librement ; quand Richard Stallman, le théoricien du logiciel libre, s’il n’est certes pas le « communiste » que dépeint Bill Gates, est tout sauf un promoteur du marché sans entraves (voir, notamment, sa réflexion sur le financement de la création culturelle). On voit bien comment la première option (historiquement postérieure) peut s’accomoder du libéralisme économique le plus pur (voire le prôner).

La remise en cause des hiérarchies statutaires n’est pas par nature égalitaire, et peut tout aussi bien signifier une exacerbation de la concurrence, par l’affaiblissement de la relation salariée et celle des corps intermédiaires. Le renvoi que fait Pierre Mounier à l’étude de Michael Vicente sur le logiciel libre mérite en effet qu’on s’y arrête. On retrouve d’ailleurs le même genre d’ambiguïté — d’ouverture idéologique — du côté des cypherpunks, au début des années 90 : parmi les libertés que la cryptographie doit garantir, selon John Gilmore, figure notamment le « libre échange réel » (je renvoie ici au billet que j’ai consacré aux enjeux politiques de la cryptographie).

Alors, « le ver est[-il] dans la pomme, dès le départ » ? Ça se discute. Peut-être est-ce tout simplement que la logique d’émancipation individuelle promue par le réseau et par ses architectes ne présuppose pas une logique particulière d’émancipation collective. C’est précisément à quoi se heurtent aujourd’hui les partis pirates, dont les militants, unis par une conception relativement cohérente des libertés à défendre sur l’Internet, se retrouvent tiraillés entre des points de vue contradictoires sur à peu près toutes les autres questions. Là encore, il y a tension politique, une tension politique qui s’exprime précisément à la faveur de la massification, et de l’intégration du cyberespace à la vie sociale.

C’est aussi cette tension qui est à l’œuvre dans la « gafaïsation » du réseau. Contrairement à ce que semblait craindre John Perry Barlow, les acteurs économiques dominants de l’Internet ne sont pas venus du « vieux monde », mais sont précisément nés du « nouveau », en construisant leur modèle économique sur la principale unité de valeur du réseau (les données qui y circulent). Qu’ils remettent de la centralisation et de la fermeture là où il y avait distribution et ouverture, c’est en théorie contradictoire avec l’ethos des origines, c’est inévitable si on envisage l’Internet comme un espace social où se (re)jouent, remodelés par les propriétés techniques qui lui sont propres, les rapports de forces du monde « physique ».

Comme l’a très bien expliqué Bruce Schneier dans sa tribune « The Battle for Power on the Internet », « la technologie amplifie le pouvoir en général, mais les vitesses d’adoption sont différentes » :

« Pour le pouvoir institutionnel, l’Internet est un changement de degré, mais pour le pouvoir distribué, c’est un changement qualitatif. L’Internet offre aux groupes décentralisés — pour la première fois — la possibilité de se coordonner. […] Ce n’est pas statique : les progrès technologiques continuent d’apporter des avantages aux plus agiles. Ils ne sont pas entravés par la bureaucratie — et parfois, pas non plus par la loi ou l’éthique. […] Telle est la bataille : la rapidité contre la force. »

À la distinction opérée par Pierre Mounier : États, marchands et netizens, j’aurais tendance à en préférer une autre : pouvoirs politiques, pouvoirs économiques et pouvoirs distribués. La vérité est qu’aujourd’hui, la grande majorité des citoyens qui évoluent en ligne n’appartiennent à aucune de ces trois catégories. Croire que l’Internet des pouvoirs distribués est mort est un effet d’optique de la massification : il n’a pas disparu, il est simplement devenu minoritaire. Le retour de bâton est certes violent pour les « indigènes du réseau ». Mais tout l’enjeu est bien de savoir où, quand et comment s’établira un point d’équilibre (des pouvoirs).

La mauvaise nouvelle, c’est que le fameux « partenariat public-privé » crée un déséquilibre plus profond qu’envisagé il y a encore quelques mois. Mais les dés ne sont jamais définitivement jetés : les pouvoirs politiques et les pouvoirs économiques sont multiples, traversés de tensions eux aussi, et leurs objectifs n’étant pas les mêmes, de tels partenariats sont contextuels (le coût possible de la surveillance de masse pour les géants du Net n’est pas une donnée négligeable, comme je l’expliquais il y a quelques semaines). La bonne nouvelle c’est que, comme le dit Schneier, le réseau continue à offrir des capacités d’action importantes aux pouvoirs distribués. La question est donc bien celle de la démocratisation de l’empowerment.

3. Méritocratie vs. démocratie

Dans son billet, Pierre Mounier soulève une question importante : celle de la logique méritocratique — au fondement de l’éthique hacker : « les hackers doivent être jugés sur leurs résultats, et non sur des critères fallacieux comme leurs diplômes, leur âge, leur race ou leur classe » –, de son caractère élitiste et de son ignorance des logiques sociales. La critique s’entend, mais elle fait l’impasse sur ce qui me semble au moins aussi important, et qui vient nettement la tempérer : la dynamique d’éducation populaire à l’œuvre dans les communautés hackers au sens large, et les communautés collaboratives en ligne (y compris les communautés logicielles). Là encore, il y a tension, une tension qui traverse les individus eux-mêmes.

Et là encore, la massification du réseau a produit ses effets. Cet été à OHM, Vesna Manojlovic, une des fondatrices du hackerspace d’Amsterdam, me signalait que le problème de la féminisation et de l’ouverture au-delà des pays occidentaux fait désormais clairement partie des questions qu’on se pose du côté de l’Internet Engineering Task Force, par exemple. Il a existé ou existe des groupes féminins / féministes au sein du Chaos Computer Club, de la Fondation Mozilla, etc. Divers projets de développement d’outils s’attellent à la question des rapports Nord/Sud (ainsi Afripedia ou Mesh Potato). La question la moins abordée — sans doute la plus difficile à aborder — est celle des inégalités sociales intraterritoriales (la « question de classe », pour aller vite) mais un projet tel que Simplon.co va précisément dans ce sens (il est vrai que l’un de ses cofondateurs, Frédéric Bardeau, n’a pas été le dernier à critiquer l’élitisme méritocratique).

Alors oui, bien sûr, « une ignorance des logiques sociales » peut conduire « à un résultat pratique inverse du principe théorique affiché ». Mais autant il me semble que la logique méritocratique pure était clairement à l’œuvre chez les premiers hackers du MIT (qui fonctionnaient très bien en vase clos, dès lors qu’on les laissait bidouiller en paix), autant le projet de l’ordinateur personnel, et plus tard celui de l’Internet, me paraissent intrinsèquement liés à une volonté politique de démocratisation des outils qui est le meilleur antidote à la tentation d’un « nouveau clergé technique ».

Voilà pourquoi la tension méritocratie / démocratie traverse à la fois les communautés et les individus, de même que la tension entre dimension ludique et dimension politique. Une même personne peut balancer entre le réflexe du « read the fucking manual » et la capacité à déployer des trésors de pédagogie gratuite des heures durant, entre le discours du « hack for fun » et un investissement personnel appuyé sur un sentiment (plus ou moins avoué) de responsabilité citoyenne. Cette ambiguïté-là, passionnante à interroger, n’était-elle pas au cœur même du « cyberespace indépendant », tiraillé entre la volonté de séparation et celle de (re)faire société autrement ?

4. Technique vs. politique

Dernière ambiguïté, ou tension, là aussi passionnante à questionner : le rapport entre « le technique » et « le politique ». Pour Pierre Mounier, « une des principales raisons pour lesquelles les netizens ont perdu tous leurs combats politiques depuis presque vingt ans, c’est précisément pour avoir cru que les hackers constituaient une alternative politique viable et suffisante ». Autrement dit, pour avoir cru que des solutions techniques suffiraient à régler des problèmes politiques. Outre que c’est faire porter un bien grand poids aux communautés hackers, coupables d’apparaître en « super-héros du Net », il me semble qu’une telle analyse passe, pour le coup, à côté de logiques sociales plus profondes.

Il y a d’autres raisons à ces batailles perdues. La première, comme je le signalais plus haut, c’est la massification même du réseau : parce qu’elle conduit à des changements d’équilibres radicaux (l’Internet des pouvoirs distribués rattrapé par l’Internet des pouvoirs concentrés) et parce que l’attachement aux potentialités émancipatrices se dilue à mesure que le nombre augmente (dans la vie « physique » aussi, la défense des libertés fondamentales ne motive qu’une minorité, cf. les débats sur la vidéosurveillance ou les réformes du droit pénal, par exemple). La seconde, c’est un constat devenu presque un truisme : celui de l’épuisement des modalités traditionnelles de la démocratie représentative. Pourquoi les netizens seraient-ils fondamentalement différents des citizens ?

Ce ne sont pas les geeks qui ont un problème avec la politique, ce sont les citoyens qui ont un problème avec la politique. La seule différence — certes pas mince — est que les geeks trouvent dans la technique un moyen de faire de la politique. Mais là encore, ça ne va pas sans tensions et sans débats, comme en témoigne cette interview de Peter Sunde, l’un des fondateurs de The Pirate Bay, qui appelle — avec une certaine virulence — les communautés techniques à réinvestir le champ politique plutôt que de se comporter en « lazy bastards ». Et là encore, l’ambiguïté vient de loin : sans remonter jusqu’au mouvement hippie, il n’est évidemment pas anodin que l’Electronic Frontier Foundation — une structure dont le but est précisément d’intervenir dans le champ politique — ait été créée dès 1990 par le promoteur du cyberespace indépendant et celui de la protection de la privacy par la cryptographie.

Est-ce un effet d’optique dû à mon objet journalistique, j’ai précisément l’impression que les « techniciens » se posent de plus en plus fortement la question de leur responsabilité sociale et de la nécessité de réinvestir le champ politique au sens large. En témoignent, entre autres, les débats parfois vifs entendus cet été à OHM, mais aussi l’intervention de Bruce Schneier lors de la dernière réunion de l’IETF, ou encore le pré-programme du prochain congrès du CCC à Hambourg — dont un « appel à résistance » intitulé « Sysadmins of the world, unite! » proposé par Julien Assange et Jacob Appelbaum, l’un des principaux porte-parole du Tor Project.

Ça ne signifie évidemment pas que l’ensemble des communautés hackers basculerait dans la militance, mais à tout le moins que la question de l’intervention politique est posée de manière de plus en plus nette dans le contexte post-Snowden. Et que le déterminisme technologique, si tant est qu’il ait existé à l’état pur, est au minimum corrigé des variations saisonnières : l’outil technique est entendu comme une modalité — nécessaire mais pas suffisante — de l’action politique. Dans le spectre hacktiviste, on trouve par ailleurs des points de vue variés sur la possibilité d’infléchir les processus politiques traditionnels, mais tout le monde se retrouve peu ou prou sur la nécessité de travailler en profondeur les sociétés civiles.

Alors quel enjeu, au final ? Faire peser les espoirs d’émancipation collective sur une communauté ou une autre n’a évidemment aucun sens. En revanche, trouver les modalités d’articulation entre pensée critique, empowerment technologique (puissamment nécessaire dans des sociétés de plus en plus « connectées ») et réinvestissement politique — dans le réseau et au-delà — est probablement le meilleur moyen de ne pas « désespérer de l’Internet » (ni du reste, d’ailleurs). Il me semble qu’il y a, au sein des communautés « techniciennes », un mouvement assez net en ce sens, et du côté des sociétés civiles, des passerelles qui se constituent, de l’open data au social good.

S’il y a un point sur lequel Cory Doctorow a parfaitement raison, c’est celui ci : « Concernant la politique et les lois, il y a une vérité essentielle : même si vous ne vous y intéressez pas, ça ne veut pas dire qu’elle ne s’intéresseront pas à vous. » Ni Mai-68 numérique, ni grille-pain fasciste : l’Internet est aujourd’hui, tout simplement, un espace politique, au sens plein et fort du terme, où les poussées émancipatrices le disputent aux logiques de domination. Ça n’est pas toujours très confortable — mais c’était inévitable.

Un commentaire:

  1. Merci encore pour cet article très intéressant. Rare sont les papiers qui prennent le temps et les références de creuser ce sujet si complexe. Si je partage la vue de l’internet comme un espace politique, je suis moins optimiste quand à l’équilibre à venir entre les lignes de force. Oui, les modalités traditionnelles de la démocratie représentative s’épuisent et cet épuisement est accéléré par notre soudaine capacité au contact direct. Nous pouvons enfin nous passer des intermédiaires jadis obligatoire entre nous et le peuple, nous et l’argent, nous et le spirituel. Mais cette impression de liberté est bâtie sur un réseau colonisé. A quoi bon d’avoir la parole quand votre bouche, votre voix et votre message ne vous appartiennent plus ? La massification du réseaux dont vous parlez s’ajoute une croissance effrénée des technologies de mise en données et fait que le grand nombre se livre à des entités de statistique et de contrôle. Ces entités ne sont pas politiques mais financière. Elles cherchent croissance et profit. Elles ne jurent que par l’obsession de grossir sans ce soucier de questions éthiques ou morales. Elles s’inscrivent ainsi dans ce que vous appelez une logique de domination et se construisent sur une base d’utilisateurs plus ou moins conscients de les nourrir de leurs données. Dans ce contexte, quel espace reste-il aux poussées émancipatrices ?
    Merci encore et bonne soirée.
    https://twitter.com/orahdemortcie

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